Depuis la fin du tarif réglementé du gaz le 30 juin 2023, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) publie un prix repère. La parution de cet indicateur d'abord prévue pour un an, a été reconduite après les retours positifs de certains fournisseurs, associations et consommateurs. Avec toujours le même objectif : servir de boussole aux consommateurs pour choisir une offre.

Pourquoi un prix repère du gaz ?

Il y a un an, alors que le tarif réglementé du gaz disparaissait, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a lancé la publication du prix repère du gaz. Son but, servir de guide aux consommateurs pour comparer les offres. A l'image d'un loyer de référence, ce prix repère est censée éviter des offres très élevées. Cet indicateur publié tous les mois est composé d'un prix d'abonnement et d'un prix au kwh.

Données indicatives fournies par la Commission de régulation de l'énergie (CRE)

© MoneyVox

Le prix repère a un caractère indicatif, rappelle la CRE. « Les fournisseurs construisent librement leurs offres en fonction de leurs conditions d'approvisionnement, de leurs choix commerciaux, mais aussi des conditions contractuelles qu'ils proposent. Ainsi, à titre d'exemple, le prix d'une offre à prix fixe sur un an est susceptible de différer sensiblement du prix repère de la CRE qui reflète les variations mensuelles et trimestrielles du prix du gaz ».

Données indicatives fournies par la Commission de régulation de l'énergie (CRE)

© MoneyVox

Quelles répercussions ?

Les consommateurs peuvent opter pour une offre indexée à ce prix repère ou bien une offre qui suit les prix du marché. A noter que ceux qui avaient souscrit à une offre au tarif réglementé d'Engie et qui n'ont pas fait de changement sont toujours abonnés à l'offre passerelle, qui est basée sur ce prix repère. Le nombre de concernés diminue, mais ils étaient encore un peu moins de 2 millions de consommateurs dans ce cas, en mai 2024, d'après la CRE.

« Ce prix repère devient un argument commercial pour les fournisseurs dans un secteur où les consommateurs chercheront la stabilité, c'est un indice qui est devenu important sur le marché alors que les contrats sont peu lisibles », remarque Lucile Buisson, chargée de mission énergie, transport & environnement au sein de l'UFC-Que Choisir.

Car les fournisseurs font le choix d'indexer ou non leurs offres sur le prix repère. « Au cours du premier trimestre, 14 fournisseurs en moyenne ont proposé 27 offres de fourniture de gaz naturel différentes. Parmi ces offres, 53% étaient des prix fixes, et 33% étaient indexées au prix repère de gaz naturel », indique la CRE dans son dernier rapport du marché de détail.

Quels avis sur ce prix repère ?

Chez les fournisseurs, plusieurs opinions. « Cela donne une référence marché au client avec la suppression du tarif réglementé, il y a un besoin d'être rassuré. Il a aussi l'avantage de montrer que le prix du gaz est différent en fonction des lieux à cause des coûts de transport et de distribution, que les coûts sont différents en fonction des usages, c'est un élément compliqué à comprendre pour les clients. Pour nous, se sont aussi des choses concrètes sur lesquelles on peut s'appuyer pour montrer que nos tarifs sont compétitifs », estime Franck Schmiedt, directeur général de TotalEnergies.

« Selon moi, le prix repère va être utile pour faire des références, comparer les prix sur plusieurs années. Pour les particuliers, je ne suis pas sûr, il faut aller le chercher, comprendre la zone, il y a beaucoup de possibilités... », pointe Julien Tchernia, cofondateur et président de Ekwateur.

Le prix repère fait davantage consensus pour les associations de défense des consommateurs. « Nous soutenons une offre qui soit encore pilotée par la CRE. Il n'y a plus de tarif réglementé, malheureusement, et compte tenu des fluctuations et de l'avenir incertain, nous avons milité pour sacraliser ce prix repère qui ressemble dans sa construction au tarif réglementé du gaz, c'est un garde-fou », soutient Nadia Ziane, directrice consommation au sein de Famille Rurales.

Reste que, pour Lucile Buisson, il y a un enjeu sur la méthodologie. « Nous regrettons que la partie des coûts commerciaux des fournisseurs soient indexés sur l'inflation dans le prix repère. Les prix des offres qui y sont indexées ont et vont donc augmenter avec ce paramètre. Nous ne trouvons pas que cet arbitrage soit justifié. Nous avions aussi demandé un prix repère pour les contrats de 1, 2 et 3 ans qui sont courants sur le marché du gaz. » Bonne nouvelle de ce côté puisque la perspective d'établir un prix repère pour les offres fixes est en train d'être étudiée par la CRE.

Comment le prix repère est-il fixé chaque mois ?

Pour calculer ce prix repère, la CRE fait une estimation moyenne des coûts supportés par les fournisseurs au titre de la fourniture de gaz naturel pour un client résidentiel. Sont donc intégrés « les coûts d'approvisionnement (coût de l'énergie sur le marché de gros) et les coûts hors approvisionnement tels que les coûts commerciaux, les coûts d'acheminement (qui augmentent à partir du mois de juillet) ou de stockage et la rémunération du fournisseur ».

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Les disparités géographiques sont également prises en compte. « Le coût du transport et du stockage dépend de la localisation géographique du consommateur. La CRE publie ainsi la valeur moyenne de la part variable du type de client concerné ainsi qu'une fourchette de valeurs dans laquelle le prix peut évoluer, en fonction des consommateurs, pour refléter les disparités géographiques des coûts de transport et stockage. »