Si la dernière revalorisation de la pension de base, de 5,3% en janvier dernier, a été très avantageuse, les retraités sont plutôt perdants sur le long terme face à l'inflation. La preuve en chiffres, avec la dernière livrée statistique de la Cnav.

En janvier dernier, les retraités ont été plutôt gâtés : avec une hausse de 5,3% en janvier 2024, nettement supérieure à l'inflation, laquelle tombait à 3% début 2024. Un coup de pouce au pouvoir d'achat des plus âgés ? Un privilège ? Non. La stricte application de la formule de calcul de la revalorisation annuelle des retraites de base (versées par votre Carsat ou Cnav), laquelle engendre au contraire un délai de prise en compte de la hausse des prix. In fine, cette revalorisation généreuse était clairement une exception.

C'est l'Assurance retraite elle-même qui pointe la plus faible augmentation de ses pensions sur le long terme, au regard de l'inflation : « En 2023, les retraites ont été revalorisées de 0,8%. En 2022, les retraites avaient été revalorisées de 5,1% suite à la reprise de l'inflation en 2022 et 2023 (5,9% et 3,7%). Ces fortes évolutions contrastent avec celles précédemment observées », lit-on dans le dernier recueil statistique de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav). « Entre fin 2002 et fin 2021, les taux de revalorisation de la pension au régime général variaient selon les années entre 0% et environ 2%, tandis que les taux d'inflation oscillaient entre 0% et près de 3%. »

« Entre fin 2003 et fin 2023, les pensions des retraités du régime général ont été revalorisées de 29,8% et l'inflation a été de 39% »

Résultat : « Entre fin 2003 et fin 2023, les pensions des retraités du régime général ont été revalorisées de 29,8% et l'inflation a été de 39% ». En cause : des écarts entre l'inflation estimée et l'inflation finalement observée, notamment. La formule a évolué en 2015. Mais des décisions et arbitrages politiques ont aussi été défavorables aux retraités : « Si les décalages d'une année sur l'autre entre l'inflation et les revalorisations peuvent résulter de l'application des règles d'indexation (qui ont évolué sur la période, s'appuyant sur les prévisions d'inflation, puis sur les réalisations passées), les décisions de moindre revalorisation introduisent des écarts supplémentaires, qui subsistent à plus long terme. »

La complémentaire Agirc-Arrco elle aussi en cause

La pension du régime de base, versée par votre Carsat ou Cnav (l'Assurance retraite) n'est pas la seule à progresser moins vite que les prix sur le temps long. « Les retraités s'appauvrissent au fil des années. Car les revalorisations des dernières années – sur les pensions de base et complémentaires – sous-compensent l'inflation », pointait Christian Bourreau, président de l'Union française des retraités (UFR), auprès de MoneyVox lors de l'été 2022. Suite aux hausses de pensions trop faibles, et suite à la hausse de la CSG en 2018, l'UFR estimait à l'époque qu'une personne partie en retraite en 2007 dont la pension est supérieure à 2 000 euros a perdu 6,1% de pouvoir d'achat chaque mois sur sa pension de base, et 6,7% sur une complémentaire Arrco. Un calcul opéré en 2022.

Depuis, les revalorisations ont été bien plus notables. Mais les statistiques de la Cnav montrent que cela n'a pas suffi à compenser les pertes de pouvoir d'achat des années précédentes.

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