L'Institut Montaigne, laboratoire d'idées d'inspiration libérale, propose un chiffrage du coût budgétaire potentiel des principales promesses de campagne des trois principaux camps en lice pour les législatives. Voici son verdict concernant les mesures liées au coût du travail.

[Majorité présidentielle] Élargir la prime de partage de la valeur de 3 000 à 10 000 euros par an

[Nouveau Front Populaire] Augmenter le Smic à 1600 euros net

[Rassemblement national] Exonérer les entreprises des cotisations patronales sur les hausses de 10% des grilles de salaires pour tous les salariés sous 3 Smic

Elargissement de la prime de partage de la valeur

La prime de partage de la valeur, parfois surnommée « prime Macron », est décidément le levier préféré de la majorité présidentielle pour agir sur les salaires. C'est encore elle que le Premier ministre a dégainé au moment de repartir en campagne. « Pour continuer à rémunérer le travail, nous permettrons aux entreprises d'augmenter jusqu'à 10 000 euros par an [contre 6 000 euros actuellement, NDLR], sans charge ni impôt, le montant de la prime de pouvoir d'achat (...) », a expliqué Gabriel Attal le 15 juin dernier.

« Au total, la mise en œuvre de cette mesure pourrait avoir un coût de l'ordre de 6,5 milliards d'euros par an », estime l'Institut Montaigne. Toutefois, « ce chiffrage est (...) entouré d'incertitudes quant aux comportements des employeurs, difficiles à anticiper. »

Le versement de cette prime non pérenne, en effet, est laissé entièrement à la discrétion des employeurs. En 2023, seuls 6 millions de salariés en ont profité, pour un montant moyen de 885 euros.

Hausse du SMIC à 1 600 euros net

En cas d'arrivée au pouvoir, la coalition de gauche a annoncé de mettre en œuvre une mesure promise de longue date : une hausse du salaire minimum, pour l'amener à 1 600 euros net, contre 1 400 euros actuellement. Soit une hausse de près de 15%.

Supportée par les employeurs, cette hausse pourrait toutefois avoir un impact sur les finances publiques, évaluée à 3,5 milliards d'euros par an. « Une hausse du Smic conduit, en effet, à une baisse de recettes de cotisations sociales par les entreprises, en augmentant le plafond des revenus soumis à des allègements de charges, principalement sous l'effet de la réduction générale des cotisations patronales, appelée réduction Fillon, qui s'applique de manière dégressive sur les salaires de 1 à 1,6 Smic (...) », explique le think tank libéral.

S'il convient que cette hausse permettrait de soutenir le pouvoir d'achat, et donc la consommation, l'Institut craint également qu'elle entraîne une dégradation de la compétitivité des entreprises et nuise ainsi « à l'activité économique du pays ».

Nouvelles exonérations de cotisations patronales

Fidèle à sa ligne depuis de longues années, le Rassemblement national propose d'agir indirectement sur les salaires, grâce à une exonération partielle de cotisations patronales, pendant 5 ans, pour les entreprises qui augmenteraient leur grille salariale d'au moins 10% jusqu'à trois Smic.

Pour l'Institut Montaigne, l'efficacité de cette mesure sur l'accélération des hausses de rémunération est incertaine. Elle pourrait surtout constituer une aubaine pour les employeurs, qui « auraient tout intérêt à en profiter pour effectuer des augmentations qu'ils auraient accordées de toute façon. »

Le think tank estime que seules « 10% des entreprises seraient intéressées chaque année ». Malgré cela, l'impact sur les finances publiques serait important : « Cette mesure est estimée à un coût de 800 millions d'euros en 2025, de 4,8 milliards d'euros en 2027 et de 12 milliards d'euros en 2029 », à mesure « que davantage d'entreprise y auraient recours ».