Le DPE qui évalue la performance énergétique d'un logement est obligatoire avant une vente ou une location. Problème, il est fréquemment accusé d'un manque de fiabilité. A partir du 1er juillet, de nouvelles règles seront donc appliquées, notamment pour mieux les contrôler. Feront-elles grimper les prix pour les particuliers ? 

Vous souhaitez bientôt vendre ou mettre en location un bien ? Vous allez forcément devoir passer par la case diagnostics. Amiante, plomb, performance énergétique... La réglementation impose le contrôle d'une série de paramètres par des professionnels appelés diagnostiqueurs.

Parmi ces diagnostics, il y en a un qui fait couler beaucoup d'encre ces derniers temps : le DPE. En 2021 ce diagnostic de performance énergétique a été entièrement revu. Depuis, la note donnée, qui va de A, pour un logement très performant à G, pour les logements les plus énergivores, a depuis des conséquences beaucoup plus importantes.

Vers une hausse de 10% ?

Le souci, c'est que le DPE est fréquemment critiqué. Dernièrement, un article du Parisien montre par exemple que de faux diagnostics ou des DPE de complaisance sont réalisés par des professionnels peu scrupuleux.

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Pourtant, pour rendre le diagnostic plus fiable, la réglementation évolue régulièrement. A partir du 1er juillet, par exemple, un nouveau texte réglementaire impose aux diagnostiqueurs immobiliers de se former plus longuement et prévoit de les contrôler davantage. Sans cela, ils ne pourront pas garder leur certification DPE, sésame qui leur donne le droit de réaliser ces diagnostics.

Ces nouvelles règles leur coûteront plus cher. Jean-Christophe Protais, président de Sidiane, une des fédérations qui représentent ces professionnels, chiffre le surcoût à 35 000 euros sur 7 ans, pour chaque diagnostiqueur (1). Un montant qu'ils répercuteront sur leurs prix ? « Sûrement, cela prendra du temps, mais les prix devraient augmenter d'environ 10% », estime-t-il.

Quelques dizaines d'euros supplémentaires

C'est justement le choix que va faire Marc Milesi, gérant de la société NiceDiagnostic et administrateur de la Fédération interprofessionnelle des diagnostiqueurs immobiliers (Fidi). « C'est sûr que je vais devoir augmenter mes prix, ce sera sûrement à hauteur de 10% d'ici la fin de l'année. Et encore à ce niveau, ce sera tout juste rentable. »

Il faut savoir qu'en moyenne, un DPE coûte 120 euros, même si le tarif varie en fonction de la superficie et de la complexité du logement, ou encore de sa localisation. Mais le diagnostic est rarement demandé seul, puisque la réglementation impose aussi de contrôler la présence d'amiante, de plomb, l'état de l'installation électrique et / ou de l'installation de gaz, avant une vente ou une location. Pour un T2, Marc Milesi envisage par exemple de faire passer le coût moyen d'un « pack » de diagnostics à 230 ou 240 euros en moyenne, alors qu'il le propose entre 190 et 210 euros aujourd'hui.

Pas de hausse prévue chez tous les diagnostiqueurs

Mais pour l'instant, tous les professionnels n'envisagent pas la même option. Sébastien Lachaussée, diagnostiqueurs à Paris, restera sur des prix similaires pour ses DPE. « J'ai augmenté mes tarifs après la réforme de 2021, car elle impliquait beaucoup plus de temps sur place, de changer de materiel plus... Ces nouvelles règles ajoutent une surcouche, mais c'est moins important. De toute façon, augmenter mes prix ne serait pas envisageable quand certains proposent à côté des DPE à 30 euros... »

Position similaire pour Alexandre Donzelle, qui dirige la société Almidiag, dans l'Oise. « Les techniciens de ma société réalisent plus de 400 missions par an. A la limite, pour intégrer le surcoût, je ferai peut-être grimper le tarif de 5 à 10 euros par mission, mais pas plus. »

Les prix bas, pas toujours une bonne nouvelle ?

Le diagnostiqueur appelle tout de même à rester vigilant face à des prix trop alléchants. « Je suis déjà plus cher que certaines sociétés qui ont tendance à tirer les prix. Il y a peu, une cliente m'a dit qu'elle avait trouvé un diagnostiqueur proposant un tarif à 200 euros pour un pack de diagnostics dans une maison de taille moyenne, alors que mon prix était à 400 euros. Elle m'a rappelé, elle n'avait pas eu d'ordre de mission et on lui avait réclamé un paiement en espèces : elle n'a jamais eu ses diagnostics. Même si le diagnostiqueur avait fini par les envoyer, à ce prix-là, je ne vois pas comment le travail peut être bien fait. »

(1) L'estimation prend en compte le coût des jours de formation, mais aussi du temps pendant lequel les professionnels ne feront pas de diagnostics et donc ne dégageront pas de bénéfices. Elle prend aussi en compte les contrôles réalisés sur le terrain ou sur documents, que les diagnostiqueurs doivent payer. Par exemple, un contrôle sur le terrain coûte en moyenne 1 200 euros et devra être réalisé tous les deux ans à partir du 1er juillet.