Avec la hausse des prix, vous êtes nombreux à anticiper des fins de mois difficiles. MoneyVox vous explique comment éviter de tomber dans le rouge, en reprenant en main la gestion de votre budget.

Le chiffre impressionne, mais n'étonne pas vraiment. Selon un récent sondage réalisé par l'Ifop pour Finfrog (1), 95% des Français gagnant moins de 2 000 euros nets par mois s'inquiètent de la hausse des prix. Et près de 7 sondés sur 10 ont déjà des difficultés à boucler leurs fins de mois. A 2 000 euros, on est pourtant loin du seuil de pauvreté, fixé actuellement à 1 102 euros en France, mais on a peu de marges. La succession des chocs, celui de la pandémie de Covid puis de la guerre en Ukraine, met les budgets sous pression, comme ils ne l'ont plus été depuis des décennies.

Avant même le déclenchement des hostilités dans l'Est de l'Europe, le prix de l'essence avait progressé de près de 40% en 6 mois. Ceux du gaz et de l'électricité explosent également, heureusement contenus pour l'instant par le bouclier tarifaire instauré par les pouvoirs publics. La crise ukrainienne promet aussi une forte inflation sur le prix des denrées alimentaires. Bref, les perspectives des mois à venir sont sombres pour le pouvoir d'achat.

Pâtes, huile, lait, viande... Cette flambée des prix qui vous attend en avril

Réapprendre à gérer

Dans ce contexte, il n'y a pas 36 solutions : il faut s'adapter et réapprendre à gérer. Avec comme objectif d'éviter l'usage du découvert bancaire. Le remède, en effet, est souvent pire que le mal, tant les banques françaises ont la main extrêmement lourde sur les frais d'incident de paiement.

Il existe heureusement une technique, simple et gratuite, pour éviter d'en arriver là. Elle est utilisée par les banques pour déterminer la capacité d'un emprunteur à assumer les mensualités d'un crédit. Elle est aussi la clé de voûte des diagnostics budgétaires réalisés par les associations qui accompagnent les ménages en situation de fragilité financière. Son nom : le reste à vivre.

Le reste à vivre, c'est, en effet, ce qui vous reste chaque mois une fois que vous avez payé vos charges fixes (factures, impôts, transport, etc.) et vos mensualités de crédit. En résumé, c'est l'argent disponible pour vous alimenter, vous vêtir, vous divertir ou pour épargner. Connaître son montant va vous aider à ajuster votre consommation et éviter les fins de mois difficiles.

Comment calculer son reste à vivre ?

Voici la méthode de calcul mise en œuvre par la Fédération Crésus, qui accompagne les ménages financièrement fragiles.

Le reste à vivre est le résultat de la formule suivante : total des ressources - total des charges fixes - total des crédits

Voici les éléments à prendre en compte dans le calcul :

Ressources : salaires, retraites ; allocations (chômage, RSA...) ; revenus mobiliers ; revenus immobiliers ; pensions et prestations familiales, bourses, aides, etc. ; autres ressources (remboursements, primes...) ; aides familiales.

Charges fixes : loyer / charges ; électricité / eau / chauffage ; télécoms (téléphone / mobile / internet / TV) ; impôts sur le revenu ; taxe d'habitation ; taxe foncière ; assurance habitation ; assurance voiture ; mutuelle ; transport ; scolarité / cantine / garde d'enfant ; pensions alimentaires.

Crédits : crédits immobiliers , assurances crédits ; crédits à la consommation.

Ne sont pas prises en compte, en revanche, les charges courantes et occasionnelles, par nature plus volatiles : l'alimentation ; l'hygiène ; l'habillement ; l'épargne de précaution ; les loisirs.

Des seuils d'alerte

En se fondant sur sa base de données d'environ 40 000 budgets complets, Crésus a déterminé des seuils d'alerte. Les dépasser est le signal que votre budget est déséquilibré et risque d'entraîner des difficultés financières, à court ou moyen-terme.

Ce travail statistique utilise comme référence le reste à vivre par unité de consommation (UC). Voici comment déterminer combien votre foyer compte d'UC. Selon la définition de l'Insee, le premier adulte compte pour 1 unité de consommation, les autres personnes de 14 ans et plus pour 0,5, et les moins de 14 ans pour 0,3. Ainsi, un couple avec deux enfants de moins de 14 ans représente 2,1 unités de consommation.

Si votre reste à vivre par UC est supérieur à 600 euros, il n'y a pas lieu de vous inquiéter. Sous ce seuil, en revanche, vous risquez d'entrer dans ce que l'on appelle le pré-endettement. Pas de panique, la situation peut encore être rétablie. Cependant, il devient urgent de modifier vos habitudes de consommation et d'établir des budgets pour les postes compressibles : l'alimentation, l'habillement, les loisirs, etc.

Des accompagnements possibles

Le seuil d'alerte est atteint lorsque votre reste à vivre est inférieur à 400 euros par UC. Si c'est votre cas, ne tardez pas à chercher de l'aide. Auprès de votre banque tout d'abord : ces dernières ont des obligations en matière de suivi et d'accompagnement de leurs clients fragilisés financièrement.

Depuis 2016, l'Etat a également créé des Points Conseil Budget, un réseau de structures destinées à prévenir le surendettement et à favoriser l'éducation budgétaire. Il en existe actuellement 500 en France, dont vous trouverez la liste sur le site web du ministère de la Solidarité.

Une appli pour faciliter le coaching budgétaire

Dépositaire d'une mission publique d'accessibilité bancaire, La Banque Postale s'est associé avec Crésus pour créer BGV (Budget Grande Vitesse), une application web qui vous aide à calculer votre reste à vivre et à gérer en temps réel votre budget. Elle vous alerte aussi en cas de dégradation et vous permet de simuler les aides sociales auxquelles vous avez le droit.

(1) Enquête menée du 14 au 17 février 2022 auprès d'un échantillon de 1 002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et qui gagne moins de 2 000 euros nets par mois.