Si le prix de l'énergie au kwh reflète votre consommation d'énergie, un autre élément de votre facture est fixe : l'abonnement. Cette ligne est à observer attentivement, car selon votre situation et la politique de votre fournisseur, elle peut faire varier l'addition, à la hausse comme à la baisse. Explications.

En matière d'énergie, on a tendance à se dire que plus on consomme, plus on paiera cher. C'est souvent vrai, mais il faut tout de même savoir qu'un élément de votre facture de gaz ou d'électricité ne reflète pas entièrement votre consommation : il s'agit de l'abonnement. Contrairement au prix au kwh, cette partie du total à payer est fixe.

Et de nombreux paramètres font varier les prix de l'abonnement. D'abord, votre position géographique, ou la puissance de votre compteur électrique, par exemple. Mais même pour des situations similaires, les résultats obtenus sur le comparateur du Médiateur de l'énergie montrent qu'il y a parfois de grandes différences entre les tarifs, selon les fournisseurs, pour le gaz comme pour l'électricité.

Rien que dans nos tops 5 des contrats les moins chers en mai, on observe des écarts allant parfois jusqu'à plus de 100 euros. Mais les offres proposant les plus hauts tarifs d'abonnement peuvent tout de même rester compétitives en présentant des prix au kwh plus bas.

Alors pourquoi de telles différences ? Premièrement, parce que les offres ne prévoient pas les mêmes mécanismes d'indexation des prix. Certaines sont indexées au tarif réglementé pour l'électricité ou au prix repère du gaz publié chaque mois par le régulateur, la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Pour les autres, les tarifs peuvent évoluer selon les prix du marché de gros d'électricité ou de gaz, ou encore à la discrétion des fournisseurs. A conditions similaires, les prix de l'abonnement sont aussi plus élevés si vous optez pour une offre heures creuses, comparé à une offre de base.

Différentes politiques commerciales

Les écarts existent aussi parce que les fournisseurs ont différentes politiques commerciales. « C'est une stratégie de marché pour eux, ils ont des coûts fixes incompressibles, mais ils peuvent aussi y intégrer d'autres éléments », indique Romain Ryon, directeur des affaires publiques de Effy. Par exemple, l'acheminement, les frais de gestion, d'acquisition.... Autant de coûts qui peuvent être répercutés à divers degrés sur les abonnements.

« Il y a normalement une forme de représentation du coût technique, pour les gros consommateurs, l'abonnement est plus élevé. Mais il peut y avoir une réalité technique, comme il peut ne pas y en avoir, c'est une pure liberté contractuelle », confirme Lucile Buisson, chargée de mission énergie, transport et environnement au sein de l'UFC-Que Choisir.

Quelques exemples

« Chez TotalEnergies, notre stratégie, c'est d'avoir un niveau d'abonnement comparable aux fournisseurs historiques, pour que les clients puissent comparer le prix au kwh. Nous avons décidé de couvrir nos coûts sans majoration ni surmarge », explique Franck Schmiedt, son directeur général.

Principe similaire chez EDF : « Pour le gaz, le prix de l'abonnement est celui fixé par la CRE ou au tarif réglementé de l'électricité, pour les offres qui y sont indexées, il n'y a donc pas de surprise. De manière générale, le tarif de l'abonnement permet de couvrir une partie des coûts fixes des fournisseurs : l'approvisionnement d'énergie, le volet commercial et communication... Pour toutes nos offres, nous essayons d'être le plus près possible de nos coûts fixes », indique Lucas Armando, responsable presse à la direction de la communication du groupe.

Le fournisseur Ekwateur défend quant à lui un parti pris différent : « Nous voulons que nos coûts soient davantage portés sur l'abonnement. Pour le gaz, comme pour l'électricité, nous réalisons la majorité de notre marge dessus. D'abord, car cela nous rend, nous et le client, indépendants de la météo. Par ailleurs, la TVA y est moins élevée. Si nous augmentons le coût de l'abonnement, comme ce sera le cas avec la hausse prévue pour le gaz en juillet, c'est plus avantageux pour les clients », expose Julien Tchernia son cofondateur et président. La TVA sur l'abonnement est à 5,5%, contre 20% sur la consommation d'énergie.

Faire le bon choix

Coûts davantage portés sur le tarif de l'abonnement ou plutôt sur le prix au kwh, pour faire son choix, le consommateur peut d'abord évaluer sa propre consommation. « Si on est un petit consommateur, une majoration de l'abonnement sera prise de plein fouet », selon Franck Schmiedt (TotalEnergies). Si on consomme beaucoup, a-t-on alors intérêt à privilégier une formule majorant plus l'abonnement que le prix du kwh ? « D'un point de vue purement financier, peut-être. Le gros problème selon nous, c'est que cela n'encourage pas l'effort de sobriété », indique-t-il.

Autre point de vue pour Julien Tchernia (Ekwteur) qui plaide pour son modèle : « Le gros défaut de l'effort de sobriété, c'est que le client lui-même va avoir du mal à le calculer. Il va peut-être faire des investissements pour la réduire, mais la météo est le premier élément qui influera sur sa consommation. Malgré les efforts d'une année, il est possible qu'il consomme bien plus s'il a fait plus froid. Avec notre système, même si c'est le cas, le prix sera plus stable. »

Quelques points à surveiller attentivement

Pour garder au maximum le contrôle sur leur facture, au moment de choisir « les consommateurs peuvent regarder leur consommation de l'année passée, multiplier le nombre de kwh par le montant indiqué sur l'offre et ajouter le coût de l'abonnement pour avoir une estimation du tarif qu'ils pourraient payer à l'année. Cette estimation variera en fonction de la consommation, mais aussi de l'indexation des prix proposée dans l'offre. Nous conseillons de vérifier ces points avant de souscrire », détaille Caroline Keller, cheffe du service information pour le Médiateur de l'énergie.

Romain Ryon (Effy) préconise aussi de bien regarder le prix de l'abonnement. « Même dans les contrats à prix fixes pendant un, deux ou trois ans, il y a souvent une mention qui indique que le tarif de l'abonnement peut évoluer, donc les consommateurs peuvent avoir des surprises. Parfois, il se peut aussi qu'on ne remarque pas le prix de l'abonnement à première vue, lorsque le prix au kwh faible est mis en avant, par exemple. Mais certains fournisseurs se rattrapent dessus. »

Constat similaire pour Nadia Ziane, directrice du pôle consommation de Famille Rurales : « Le marché du gaz et de l'électricité est très complexe. On se casse souvent les dents sur le terrain judiciaire, car les fournisseurs savent comment communiquer. Ils parlent par exemple de tarif maintenu sur la molécule. Or, ce qui fait fluctuer une facture, ce n'est pas uniquement ça. Résultat, les consommateurs voient leur facture grimper, ne comprennent pas, et on ne peut pas leur en vouloir. »

« Attention à la mise en avant, confirme Caroline Keller. Quand on vous dit moins 20% sur le kwh, parfois ce n'est pas tout à fait ça, il faut voir si les taxes sont intégrées et si l'abonnement est plus élevé qu'ailleurs. »