Avant le deuxième tour des élections législatives qui aura lieu le 7 juillet 2024, MoneyVox continue d'analyser les programmes en matière de pouvoir d'achat. On fait le point sur ce que proposent les différents candidats sur le salaire minimum (SMIC). 

1 398,69 euros nets pour un mois travaillé à temps plein (35 heures par semaine). C'est le montant actuel du SMIC. Certaines propositions des candidats aux législatives évoquent le SMIC et pourraient donc avoir un impact important pour plus de 3 millions de Français.

En janvier 2023, 3,1 millions de salariés du secteur privé non agricole touchaient le SMIC. Et la part des salariés qui touchent le salaire minimum a fortement grimpé ces derniers temps : « le pourcentage de salariés directement concernés par la revalorisation du Smic au 1er janvier continue d'augmenter en 2023 pour atteindre un niveau historique de 17,3% (après 12% en 2021 et 14,5% en 2022) », d'après le rapport annuel du groupe d'experts SMIC.

Législatives 2024 : les mesures pour le pouvoir d'achat

Qui propose quoi ?

Tour d'horizon des mesures qui évoquent le SMIC dans les programmes des trois principaux blocs. Ensemble, parti du gouvernement, évoque dans son programme le souhait de « libérer les augmentations de salaires entre le SMIC et 2 500 euros nets en réformant les aides aux entreprises et la prime d'activité » ou encore la « présentation d'un projet de loi pour le pouvoir d'achat des classes moyennes : désmicardisation, prime jusqu'à 10 000 € sans charge ni impôt ».

Le RN veut quant à lui « revaloriser les revenus du travail par une incitation forte à l'augmentation des salaires (permettre aux entreprises d'augmenter les salaires de 10% jusqu'à trois fois le SMIC, en les exonérant de l'augmentation des cotisations patronales pendant trois à cinq ans). »

La proposition qui concerne directement le SMIC et qui a suscité le plus de réactions, c'est celle du Nouveau Front populaire. La coalition de gauche promet d'« augmenter les salaires par le passage du SMIC à 1 600 euros net, par la hausse de 10% du point d'indice des fonctionnaires (...) augmenter les indemnités des stagiaires, le salaire des apprentis et des alternants. » Conséquences donc, les salariés à plein temps payés au SMIC toucheraient plus de 200 euros nets supplémentaires.

Bataille de chiffres

La mesure a été critiquée par les autres camps. Selon la majorité présidentielle, elle nuirait « au tissu de TPE et de PME dans lesquelles travaillent des millions de Français. Ces entreprises ne pourraient pas assumer cette hausse et devraient, soit licencier, soit augmenter leurs prix ». Dixit le Premier ministre Gabriel Attal, lors du débat organisé sur TF1, le 25 juin. Argument similaire évoqué par Jordan Bardella pour le RN, toujours lors du premier débat : « Beaucoup (de patrons) ne pourront pas supporter une hausse des charges, ce qui créera du chômage. »

L'augmentation « aura des effets positifs pour toute l'économie et va remplir les carnets de commande des TPE et PME du pays », juge au contraire le Nouveau Front populaire qui reconnaît tout de même que « dans les premiers mois, certaines d'entre elles peuvent avoir besoin d'être aidées, lorsque leurs marges sont faibles ». Pour cela, des avances, un fonds de solidarité ou un dispositif de crédit bonifié sont évoqués dans le programme.

Selon le NFP, au niveau du nombre d'emplois, l'opération maintient le statu quo (pas de destruction ni de création d'emplois). D'après le camp présidentiel, la hausse du SMIC détruirait 500 000 emplois.

L'institut Montaigne, coupe la poire en deux : « En actualisant les estimations passées par les données d'emploi salarié fin 2023, une hausse du Smic de 14,4% pourrait causer des pertes d'emploi entre 230 000 et 380 000, 300 000 emplois apparaissant comme une estimation centrale, dont au moins 200 000 lors de la première année suivant la hausse. »

L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) est plus optimiste et calcule que « l'effet d'une hausse de 12,4 % du SMIC détruirait 29 000 emplois et dégraderait de 0,3 point de PIB les finances publiques. Le financement de cette mesure entraînerait des pertes d'emplois supplémentaires : selon le mode de financement retenu, les pertes d'emplois seraient proches de 50 000 ».

Reste à attendre les résultats du deuxième tour, qui aura lieu le 7 juillet. A noter aussi que le SMIC doit dans tous les cas (un peu) augmenter mécaniquement prochainement, pour refléter l'inflation.