Malgré la hausse des prix qui attaque le rendement réel du Livret A, le gouvernement et la Banque de France restent prudents sur une hausse de son taux en février. Ils pourraient même opter pour un plan B, pour éviter le mécontentement des épargnants.

Y aura-t-il une hausse du taux du Livret A début 2022 ? Sur le papier, le sujet ne fait pas débat. L'écart entre sa rémunération actuelle (0,5% net) et l'inflation (2,6% sur un an en octobre) ne cesse, en effet, de se creuser de mois en mois, et avec lui le rendement réel du livret d'épargne préféré des Français, passé en territoire négatif à -2,1%.

Même si la hausse des prix n'est pas le seul indice pris en compte dans la formule de calcul du taux du Livret A, son niveau actuel justifie clairement une revalorisation, au moins à 0,80%.

Livret A, LEP, LDDS... Les taux théoriques suite à l'envolée de l'inflation à 2,6%

Pourtant, rien ne semble encore certain, loin de là. Interrogé aujourd'hui sur RTL, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a reconnu que la question était « très sensible », mais a refusé de s'engager plus, se contentant de rappeler le calendrier : calcul mi-janvier du taux théorique par la Banque de France, sur la base de l'inflation du 2e semestre 2021 ; puis recommandation éventuelle du gouverneur de la Banque de France ; enfin, décision politique du gouvernement.

Un coût pour les banques chiffré en centaines de millions

Pourquoi les pouvoirs publics ont-ils tant de mal à s'engager sur une hausse du taux du Livret A ? A chaque fois qu'il choisit le statu quo plutôt que la hausse, le gouvernement convoque les mêmes arguments : la volonté d'éviter les à-coups (augmentation un semestre, baisse le suivant), les effets d'aubaine (les livrets traditionnels rapportent actuellement moins de 0,10%), etc.

Une autre réponse possible vient d'être donnée par Fitch Ratings. Dans une note révélée par Les Echos, l'agence de notation estime à 460 millions d'euros le coût annuel pour le secteur bancaire d'un relèvement du taux du Livret A à 0,75%, et à 920 millions d'euros un relèvement à 1%. « Concrètement, cela représente entre 0,3% et 0,6% de leur produit net bancaire », explique Rafael Quina, analyste en charge des banques françaises chez Fitch, citée par Les Echos. On peut donc imaginer leur hostilité à un tel relèvement.

Un plan B grâce au LEP

Pour autant, le choix d'un statu quo absolu, avec une inflation qui va bientôt dépasser les 3%, paraît peu probable, tant il serait susceptible de déclencher l'indignation des petits épargnants... et des politiques, à l'approche de l'élection présidentielle.

Le gouvernement dispose toutefois de solutions alternatives, deux au moins. La première : relever le taux du Livret A, mais de manière limitée. Cela tombe bien : les nouvelles règles de fixation du taux permettent de le faire évoluer par paliers de 0,10 point, contre 0,25 point auparavant.

La seconde : ne pas toucher au Livret A, mais relever le taux du LEP (Livret d'Epargne Populaire). Ce plan B a ses avantages. Il pourrait apparaître comme le coup de pouce attendu en faveur de l'épargne populaire, tout ne coûtant beaucoup moins cher aux banques. Le LEP, en effet, ne représente qu'une fraction de l'encours total de l'épargne réglementée : 40 milliards d'euros sur 813 millards fin 2020, soit moins de 5%

Pourquoi le LEP devrait rapporter 3 fois plus que le Livret A

Le gouverneur de la banque de France ne manque d'ailleurs jamais de vanter publiquement les mérites du LEP. Ce fut encore le cas aujourd'hui sur RTL : interroger sur le possible futur taux du Livret A, François Villeroy de Galhau a esquivé... en rappelant que le LEP était « un produit très intéressant, auquel beaucoup de Français ont droit ».