Promu rempart contre l'inflation, le Livret d'épargne populaire ne joue plus ce rôle actuellement, à cause de la hausse rapide des prix. Va-t-il être revalorisé ? A quel niveau ? Et quand ?

Un rempart contre l'inflation : c'est ainsi que le Livret d'épargne populaire, accessible à la moitié la moins riche des foyers français, est présenté publiquement. Un rôle autrefois dévolu au Livret A, mais que ce dernier ne joue plus depuis février 2020 et l'entrée en vigueur de nouvelles règles de fixation de son taux.

Pourtant, dans les faits, le LEP ne protège déjà plus votre épargne contre les effets de la hausse des prix. Depuis juillet plus précisément, lorsque son taux réel, corrigé de l'inflation, est passé en territoire négatif. Regardons les chiffres. Au mois de septembre, l'inflation moyenne sur 6 mois — l'indicateur retenu dans la nouvelle formule de calcul de l'épargne réglementée — est montée à 1,5%. Pendant ce temps, le LEP en est, lui, resté à 1% net, sa rémunération depuis le 1er février 2020, lorsqu'il avait accompagné la baisse du taux du Livret A. Drôle de rempart.

L'inflation, nouvelle référence du LEP

Traditionnellement en effet, LEP et Livret A sont liés. « La rémunération du LEP est par principe fixée au taux du Livret A plus 0,50% », rappelle François Mouriaux, directeur des statistiques monétaires et financières de la Banque de France. Or, malgré la hausse des prix, le taux du Livret A reste bloqué à 0,5%, son taux plancher, plombé par la faiblesse de l'€ster, le principal taux interbancaire qui rentre dans sa formule de calcul.

Depuis février 2020 pourtant, le Livret A n'est plus la seule référence du LEP. Pour lui permettre de jouer efficacement son nouveau rôle de rempart contre l'inflation, sa formule de calcul a évolué. « Le LEP a un 2e principe : assurer la protection du pouvoir d'achat de l'épargne populaire », confirme François Mouriaux. « Si le niveau observé de l'inflation le justifie, l'écart entre le taux du LEP et celui du Livret A peut être plus élevé que ces 0,50%. »

Les conditions d'une hausse réunies en janvier

Pourquoi, dans ce cas, le Livret d'épargne populaire n'a-t-il pas déjà été réévalué, indépendamment du sort du Livret A ? Tout simplement parce que l'occasion ne s'est pas encore présentée.

L'évolution des taux des livrets d'épargne réglementée est en effet très encadrée. « L'esprit du législateur est de déterminer une politique de fixation qui donne une visibilité à tous les acteurs, y compris les ménages, et n'entraîne pas de volatilité », rappelle François Mouriaux. Hors de question, donc, d'augmenter le taux un mois pour le baisser le suivant. Sauf circonstances très exceptionnelles, ces ajustements ne peuvent avoir lieu qu'à 2 reprises durant l'année, le 1er février et le 1er août. Or début août, les conditions n'étaient pas encore réunies. « L'inflation moyenne du 1er semestre 2021 ne justifiait pas d'envisager une modification », confirme le porte-parole de la Banque de France. Fin juin, elle était effectivement de 0,9%, donc sous les 1% du LEP.

Cela devrait changer lors de la prochaine échéance. En septembre, la hausse des prix à la consommation sur un an est montée à 2,1%, après 1,9% en août et 1,2% en juillet. Si cette tendance se maintient jusqu'à la fin de l'année, l'inflation moyenne du 2e semestre pourrait s'approcher, voire dépasser les 2%, et donc justifier une hausse du LEP le 1er février prochain, même en l'absence d'une plus hypothétique revalorisation du Livret A.

1,5% au plus

Une chose est certaine : si hausse du rendement du LEP il y a, le nouveau taux ne dépassera pas les 1,5%. C'est en effet une autre nouvelle règle issue de la réforme de 2020 : toute évolution de la rémunération de l'épargne réglementée, à la hausse comme à la baisse, ne peut dépasser un palier de 0,5 point.

Quoi qu'il en soit, à 1,5%, le LEP rapporterait trois fois plus que le Livret A. Un cas de figure totalement inédit et un bon coup de pub pour ce livret mal-aimé, détenu par seulement 7 millions de Français majeurs, alors que 15 millions sont éligibles, selon l'Observatoire de l'épargne réglementée de la Banque de France. Le moment serait d'autant plus opportun que l'accès au LEP, autrefois compliqué par la nécessité de transmettre chaque année son avis d'impôt à son banquier, est désormais simplifié.

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Le LEP plutôt que le Livret A

Reste une inconnue : le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, optera-t-il pour cette hausse ? C'est à lui, en effet, que revient la décision de recommander une évolution au gouvernement. Il n'y est pas contraint : en dépit de la réforme de 2020, la fixation des taux de l'épargne réglementée reste une décision avant tout politique. « L'analyse du gouverneur de la Banque de France, et de la BCE, aujourd'hui est de considérer que les facteurs sous-jacents à l'inflation sont de nature transitoire », tempère ainsi François Mouriaux.

Une récente sortie publique du gouverneur de la Banque de France laisse pourtant de l'espoir. Interrogé sur l'opportunité de revaloriser le Livret A, le 9 octobre dernier sur France Inter, celui-ci est resté assez vague. On le comprend : à l'heure de la reprise, les pouvoirs publics ne souhaitent surtout pas créer un appel d'air vers un produit qui ne participe qu'indirectement au financement de l'économie. Il a par contre insisté sur l'existence du Livret d'épargne populaire, « un produit dont on ne parle pas assez ». Une hausse du LEP pour faire passer la pilule d'un statu quo sur le Livret A ? Réponse en janvier prochain.

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