La hausse des prix, qui atteint des niveaux inédits depuis près de 40 ans, pourrait justifier une revalorisation du taux du Livret A dès le 1er mai. Pourtant, le scénario le mois improbable est celui d'un coup de pouce au LEP.

C'est confirmé : l'inflation a atteint en mars les 4,5% sur un an, portée entre autres par la hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation ! Un chiffre spectaculaire, que l'on n'avait plus vu depuis le milieu des années 1980. Et les prévisions de l'Insee ne sont pas encourageantes : l'institut statistique n'anticipe pas de retour sous ce seuil avant, au mieux, le second semestre. Bref, l'enchaînement des crises, Covid d'abord puis Ukraine, nous a bien fait entrer dans une nouvelle ère.

C'est le cas, notamment, pour les placements notamment. Les produits d'épargne affichant actuellement un rendement réel (c'est-à-dire corrigé de la hausse des prix) positif sont devenus très rares. Voire inexistants pour les supports sans risque sur le capital. Dans ce contexte, certains s'en sortent un peu moins mal que d'autres. L'épargne réglementée en particulier. Depuis le 1er février dernier, le Livret A rapporte 1% net, deux fois plus qu'auparavant, tandis que le Livret d'épargne populaire, lui, affiche un rendement de 2,2% net. Logique : l'inflation entre dans le calcul des taux de ses produits, mis à jour régulièrement par la Banque de France.

Régulièrement ? L'arrêté qui encadre la rémunération de l'épargne réglementée prévoit deux échéances de révision annuelles, le 1er février et le 1er août. Mais également deux échéances intermédiaires, au 1er mai et au 1er octobre, en cas de forte hausse des prix. D'où l'hypothèse, examinée dès la fin mars par MoneyVox, d'une seconde revalorisation en 3 mois du Livret A et des autres produits d'épargne réglementée.

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Un coup politique sans contrecoup économique

Si l'on s'en tient à la règle, le taux du Livret A pourrait ainsi être porté à 1,3%. Soit une petite hausse de 0,3 point, décevante vu l'ampleur de l'inflation, multipliée par 4 depuis juillet dernier. La raison tient à la faiblesse des taux monétaires, qui entrent aussi dans le calcul. Mais aussi du choix du gouvernement, qui a anticipé la situation actuelle en donnant un coup de pouce supplémentaire dès le mois de février.

Ce constat, en revanche, ne vaut pas pour le LEP. Depuis février 2020, sa rémunération est conçue pour se caler sur l'inflation, afin de protéger l'épargne des Français les moins riches contre une perte de pouvoir d'achat. C'est pour cela qu'elle était passée directement de 1% à 2,2% au 1er février dernier. Pour cela également que les pouvoirs publics ont la possibilité de la porter à 3,2% dès le 1er mai.

Ce scénario n'est pas impossible. Booster le LEP, produit réservé aux ménages modestes et qui ne compte actuellement qu'un peu de plus de 7 millions de comptes ouverts, aurait en effet beaucoup moins d'impact qu'une hausse du taux de Livret A (56 millions de comptes), notamment sur la consommation des ménages. Il aurait aussi l'avantage, pour l'actuel gouvernement, d'afficher son engagement en faveur du pouvoir d'achat des catégories populaires. Une perspective alléchante, dans le contexte de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle. Tentera-t-il le coup ? Réponse, probablement, dans les prochaines heures.

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