Certains assureurs proposent aux conducteurs d'obtenir des réductions sur leur prime, s'ils conduisent prudemment. Une réelle opportunité de faire baisser la facture, alors que son coût pèse chaque année un peu plus sur le budget des ménages ? On revient sur le fonctionnement et les avis sur ces assurances qui se basent sur le comportement des assurés. 

Jusqu'à - 40% chaque mois sur la cotisation. Les promesses des assurances auto connectées ou assurances basées sur le comportement des conducteurs sont alléchantes. D'autant plus que les prix moyens de cette assurance obligatoire ont tendance à augmenter année après année.

Score de conduite

Le principe de ces assurances, aussi appelé Pay how you drive ? Grâce à un boîtier branché dans le véhicule et / ou une application à télécharger sur un smartphone, les données de conduite sont analysées par l'assureur.

Ce dernier donne en général un score aux conducteurs et récompense les automobilistes qui conduisent le mieux par une remise sur la prime d'assurance. L'absence de vitesse excessive, de freinages brusques, une bonne anticipation des virages sont autant de paramètres qui sont valorisés.

Encore rarement proposées en France

En France, si les assureurs sont nombreux à proposer des offres en fonction des kilomètres parcourus en faisant payer moins cher ceux qui roulent le moins, celles qui valorisent une conduite prudente sont encore rares. YouDrive, Novys (uniquement destinée aux jeunes conducteurs), ou Allianz auto connectée sont les premiers résultats qui apparaissent lors d'une recherche.

Assurance auto : faut-il succomber au « pay as you drive » ?

Leur arrivée sur le marché a notamment posé des questions sur l'utilisation des données recueillie. « Aujourd'hui l'utilisation des technologies s'est démocratisée et font partie de notre quotidien avec le sport par exemple », explique Christine Singer, directrice de clientèle pour YouDrive, l'assurance connectée de Direct Assurance, lancée en 2015.

Les jeunes conducteurs, pour qui les tarifs des primes sont particulièrement élevés, sont le public majoritairement visé par ce type d'assurance. Chez YourDive, qui se revendique leader sur ce marché, « le portefeuille est d'environ 55 000 clients » et les jeunes conducteurs représentent environ 60% des nouvelles souscriptions. Selon Christine Singer, « en moyenne, nos clients économisent 18% sur leur prime d'assurance, cela correspond à une moyenne de 15 euros par mois. 92% de nos clients réalisent des économies chaque année. Un client sur trois gagne au moins 200 euros par an ».

Des avis nuancés

Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, reste très sceptique. « Pour moi, ces promesses ne sont qu'un argument commercial. Souvent, on ne voit pas par rapport à quoi et à qui les réductions sont donnés. Si on ne me prouve pas que l'assurance est la moins chère à type de contrat, véhicule et profil d'assuré similaires, je ne vois pas de concret. »

Sur les plateformes qui permettent de télécharger les applications des assurances connectées, les utilisateurs sont également nuancés. Certains se disent ravis d'avoir pu réaliser de belles économies qu'ils chiffrent parfois à plus d'une dizaine d'euros par mois. D'autres déplorent des bugs et rencontrent des difficultés à obtenir des bons scores ainsi que les remises associées et peinent à comprendre leurs pénalités.

En général les assurances connectées se voient surtout reprocher un manque de prise en compte du contexte. Dans les avis, un utilisateur déplore par exemple d'être pénalisé lorsqu'il fait des écarts ou freine brutalement pour éviter des piétons ou des accrochages avec d'autres conducteurs.

D'autres avantages que les économies

Mais, pour Christine Singer, plus que des économies, ces assurances entraînent un autre avantage de taille : « Le principe de coaching et d'analyse de sa conduite proposée permet de réduire le nombre de sinistres, avec 15% de sinistralité en moins observée sur les clients YouDrive versus nos clients standards, sur profil identique. »

Pour réduire les risques, Pierre Chasseray aimerait quant à lui un changement de paradigme. « Ces dispositifs s'adressent aux jeunes, mais ne contrôlent que la vitesse. Pourtant, la première cause mortelle chez les jeunes, c'est l'alcoolémie. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi des offres intégrant des éthylotests connectés ne sont pas proposés par les assureurs pour réduire ce risque. Ces dispositifs permettent d'empêcher le démarrage d'un véhicule en cas d'alcool. Ils existent déjà, l'un d'entre eux a même gagné le prix de la sécurité routière en 2017. On pourrait imaginer que ceux qui souscriraient à ces offres obtiendraient aussi des réductions sur leurs assurances. »